"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 7 juillet 2011

Père Jean (Romanides) de bienheureuse mémoire



f. Ioannis S. Romanides
Eloge funèbre du Père Jean (Romanides) prononcé par le Père Georges (Metallinos) , Doyen de la Faculté de Théologie d'Athènes

Au nom du Département de Théologie de l'École de l'Université d'Athènes et de son Président M. Demetrios Gonis, on m'a fait l'honneur d'offrir quelques paroles d'amour, de respect et d'honneur pour l'excellent collègue, qui était en route pour les " hautes sphères ».

Le défunt s'était lui-même révélé ainsi dans une de ses rares présentations de lui-même:

"Mes parents venaient de la ville romaine (*) de Kastropolis d'Arabessus en Cappadoce, berceau de l'empereur romain Maurice (582-602), qui avait nommé saint Grégoire le Grand (590-604) pape de Rome, qui à son tour nomma Augustin premier archevêque de Cantorbéry (597-604).
Je suis né au Pirée le 2 mars 1927. J'ai quitté la Grèce et j'ai émigré en Amérique le 15 mai 1927 (âgé seulement de 72 jours) avec mes parents et j'ai grandi dans la ville de New York, à Manhattan, sur la 46ème rue, entre la deuxième et la troisième avenue.
Je suis diplômé du Collège grec de Brookline au Massachusetts, de l'Ecole de Théologie de l'Université de Yale, docteur de l'École de théologie de l'Université nationale Capodistrienne d'Athènes, de l'Ecole de Philosophie de l'Université de Harvard (École des arts et des sciences); Professeur émérite de l'Ecole de Théologie de l'Université Aristote de Thessalonique et professeur invité de l'École théologique de Saint Jean Damascène de l'Université de Balamand au Liban depuis 1970 ".
A ceci, nous ajouterons qu'il a également étudié au Séminaire Russe Saint Vladimir à New York; à l'Institut russe aussi de Saint-Serge à Paris et à Munich, en Allemagne. Il a été ordonné prêtre en 1951 et depuis lors, a officié dans différents diocèses des États-Unis d'Amérique. Entre les années 1958 et 1965 il a servi comme professeur à l'École théologique de la Sainte Croix, mais a démissionné en 1965, pour protester contre le renvoi du père de George Florovsky de l'Ecole.

Sa nomination au siège de Dogmatique à l'Ecole de Théologie de l'Université de Thessalonique a eu lieu le 12 Juin 1968, mais il n'y a finalement pas été affecté, parce qu'il était accusé d'être  "communiste"! Sa prise de poste a finalement eu lieu en 1970. En 1984, il a démissionné pour des raisons personnelles, a pris une retraite à taux plein, mais il n'a pas été jugé approprié de lui accorder le titre de professeur émérite: chose qui révèle les dysfonctionnements de nos collègues théologiens.

SON ŒUVRE

Il a écrit une pléthore d'études, dont beaucoup sont encore inédites et devraient être publiées ensemble, dans une série de volumes. Ces reliques doivent être préservés, car elles ont beaucoup à offrir et à révéler.

Sa thèse de doctorat sur le Péché Originel qui était un traité littéralement révolutionnaire, a ouvert de nouvelles voies dans notre théologie, elle fut suivie par ses livres tout aussi importanst sur la Romanité, dans le domaine de l'Histoire. Père Jean a relancé ces deux domaines: de recherche et de compréhension.

Son travail et sa contribution à la science ont été systématiquement analysés dans la thèse de doctorat d'Andrew Sopko, "Prophète de l'Orthodoxie Romaine - la Théologie de Jean Romanides" Canada 1998.

Tout aussi importante est sa participation et sa contribution à notre Eglise, avec sa participation aux dialogues théologiques avec les participants hétérodoxes, en particulier les anglicans, mais avec d'autres représentants religieux également (judaïsme, islam). Le fait que sa langue maternelle était l'américain (l'anglais) lui a fourni la facilité dont il avait besoin pour exposer avec précision les positions de notre Église. Dans le dialogue avec la Fédération Luthérienne Mondiale (1978), j'ai eu l'occasion de me familiariser avec lui, et de devenir un de ses proches, et, plus important pour moi, de devenir vraiment son élève, au-delà de l'étude approfondie et continue de ses œuvres. Dans ces dialogues, sa vaste connaissance de la tradition patristique est devenue très apparente, avec les falsifications qu'elle avait subies à la fois en Orient et en Occident, et surtout sa connaissance de la théologie de saint Grégoire Palamas, pierre angulaire de la tradition orthodoxe.

Père Jean était partisan de l'association entre la théologie et l'expérience de l'Esprit Saint, et du cheminement par étapes de catharsis spirituelle, d'illumination et de theosis [déification] des saints, comme préalables des Conciles œcuméniques et de leur acceptation sans réserve,  chose qui a été écartée en Occident, mais aussi dans notre propre pensée théologique occidentalisante. Ce tournant vers la mentalité patristique comme forme d'authenticité ecclésiastique était la poursuite et l'achèvement du mouvement initié par le père George Florovsky, dont il a poursuivi le cours dans le dialogue œcuménique, lui même devenant une gêne , car il n'était pas facile de converser avec lui. Un jour, tout cela va être mis par écrit, afin que le caractère exceptionnel du défunt apparaisse, avec sa véritable contribution à la présence internationale et œcuménique de l'Orthodoxie, même s'il a souvent été lui-même réservé...

L'avant et l'après Romanides

Lors de l'examen de son opus théologique, éducatif, littéraire et militant,  nous sommes naturellement obligés de nous référer à une ère avant Romanides et après Romanides. Parce qu'il introduisit une coupure réelle et une faille dans notre passé scholastique, qui ressemblait à une captivité babylonienne de notre théologie. Sa thèse a résolument scellé ce cours revivaliste, dans la mesure où même ceux qui pour diverses raisons le critiquaient ou lui manifestaient leur opposition idéologique, trahissaient dans leurs écrits l'influence du père Jean dans leur pensée théologique. Plus précisément, le père Jean:

a) a rétabli la priorité de la patristique théologique empirique dans le domaine universitaire de la théologie, écartant la voie intellectuelle méditative-métaphysique de théologisation.

b) Il a lié la théologie académique au culte et à la tradition patristique de Philocalie, prouvant l'inter-pénétration de la théologie et de la vie spirituelle, et le caractère pastoralo-thérapeutique [ποιμαντικό-θεραπευτικό] de la théologie dogmatique.

c) Il discernait et adoptait dans sa méthode théologique le lien étroit entre le dogme et l'histoire, grâce auquel, il a été en mesure de comprendre, comme peu de gens le pouvaient, l'aliénation et la disparition de la théologie en Europe occidentale, qui est née de l'occupation franque et de sa dictature. En outre, sa connaissance compétente de l'histoire franque et romaine (il était destiné à être professeur d'histoire à Yale), l'a aidé à déterminer et à analyser la différence diamétrale entre les civilisations franque et romaine, avec l'introduction de critères romains pour examiner notre histoire et notre civilisation.

d) Il a ainsi également aidé à la recherche exhaustive de l'hellénisme, au-delà des scénarios fabriqués par l'Occident, avec sa position stricte consistant à justifier  absolument l'utilisation de nos noms historiques, de leur signification et de leur potentiel dans le cours de notre histoire.

Les hétérodoxes

C'est un fait, que les hétérodoxes ont reconnu-plus que nous-, la personnalité du Père Jean et de son importance pour l'Orthodoxie. Il était considéré comme le meilleur chercheur orthodoxe du bienheureux Augustin, qui a même aidé la théologie occidentale à le comprendre, et a été caractérisé comme "assurément le plus grand des théologiens orthodoxes vivants, dont les travaux comprennent une étude critique des travaux d'Augustin à la lumière de la théologie patristique" . Et il faut dire, que nous sommes redevables au Père Jean pour son affirmation de poids selon laquelle les enseignements de Barlaam de Calabre sur les expériences de perception de Dieu des prophètes étant "des phénomènes naturels, qui peuvent être faits et défaits" sont dérivés du Traité sur la Trinité du bienheureux Augustin.

Père Jean respecté et aimé, tes amis, tes collègues,  tous expriment notre gratitude, pour tout ce que, par la Grâce de Dieu, tu nous as donné. Comme les milliers d'étudiants, directs ou indirects le font  également. Nous nous accrochons au legs théologique que tu nous as laissé,  pour qu'il soit notre bâton de marche dans l'obscurité que le calcul, l'ignorance, l'indifférence et le profit ont engendrée. Tu nous as unis avec l'élément patristique dans le domaine de la théologie universitaire, en nous exhortons sans cesse vers le culte et l'exercice ascétique, où la véritable théologie est cultivée. Nous te remercions!

Que ta mémoire soit éternelle, jusques au temps où nous nous rencontrons à nouveau à l'autel céleste, mon bien-aimé collègue et commensal dans le ministère.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

(*): Par romaine, le père Jean entend grec!

Site d'intérêt:

L'Ermitage du cœur (196)


L'Eglise est demeure véritable
Où par la prière commune
Et la réception des Sacrements
Tu vis déjà dans le Royaume


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Monastère des Solovetsky

Общая панорама Соловецкого монастыря. Фото: Сергей Веретенников
Фото: Сергей Веретенников

mercredi 6 juillet 2011

Mission Orthodoxe au Pakistan


Il y a actuellement plus de 400 fidèles orthodoxes au Pakistan. Originaire du Pakistan, le Père Jean Tanveer, est leur chef spirituel, étant le seul prêtre orthodoxe du pays. La Mission orthodoxe est sous l'omophorion de Nektarios Métropolite de la Métropole Orthodoxe Grecque de Hong Kong et d'Asie du Sud Est. La mission orthodoxe au Pakistan a été initiée par l'archevêque Nikitas en 2005 et elle a été officialisée lors de l'ordination du Père Jean en novembre 2009 par le Métropolite Nektarios. L'église est située à Lahore, cependant il n'y a pas de bâtiment d'église visible. Tous les services liturgiques sont organisés dans une petite pièce de la maison de Père Jean et de sa presbytera Rosy, où environ 40 à 50 fidèles assistent chaque dimanche la Divine Liturgie.

Père Jean Tanveer

Père Jean est né dans une famille catholique et il était le troisième de six enfants. Son zèle profond pour la foi et plus tard la soif d'apprendre, l'ont amené à être ordonné prêtre catholique romain en 1986 après avoir terminé 10 années de formation au séminaire. Pendant plus de 10 ans, le Père Jean a servi le diocèse de Lahore avec enthousiasme en tant que prêtre et professeur au séminaire de Lahore. Toutefois, au cours de l'enseignement, l'étude, la prière et la lecture, il en est venu à se renseigner sur l'Eglise orthodoxe. C'est elle qui était, pensa-t-il, "l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique".

Puisque la hiérarchie catholique romaine ne permettait pas l'accès à du matérel ou des livres orthodoxes, il commença à utiliser Internet pour en apprendre davantage sur la foi et intégrer ses enseignements dans ses leçons et ses sermons. Puis, en 1996, le Père Jean a finalement parlé à son évêque et lui a dit que dans son étude de l'Église orthodoxe, il avait découvert beaucoup de différences dans les enseignements des deux églises. Il a dit: "Je dois voir qui sont ces orthodoxes." Son évêque a essayé de dissuader son intérêt, mais il a démissionné de ses fonctions pastorales et a quitté la prêtrise catholique romaine. En raison de pressions culturelles dans un pays islamique, le Père Jean a épousé en 1997 la presbytera Rosy et bientôt il a commencé une famille. Ils ont maintenant trois enfants âgés de 15, 12 et 10 ans, et en tant que famille, ils ont continué leur  long périple de la vie pour "devenir orthodoxes."

Après avoir quitté l'Église catholique romaine en 1996, la hiérarchie rendit très difficile pour Père Jean d'obtenir un travail ailleurs. Toutefois, il réussit à obtenir un emploi au journal de presse internationale à Lahore, où il gagna sa vie en étant journaliste et en écrivant divers articles. Il n'allait pas à l'église à l'époque, mais il commença la recherche d'un vrai foyer spirituel par la lecture et la recherche au sujet de la foi orthodoxe. En Juillet 1998, le Père Jean soumit une lettre à un grec qu'il avait rencontré dans ses années à Lahore afin de s'enquérir de la façon de devenir orthodoxe. Cet homme transmit sa lettre qui finalement aboutit dans les mains du Métropolite Nikitas, de Hong Kong et d'Asie du Sud Est. En Octobre 1998, le Père Jean reçut une lettre du Métropolite Nikitas l'invitant à entamer un dialogue sur la façon de devenir orthodoxe. Après avoir appris les antécédents de Père Jean, le Métropolite Nikitas conseilla à Père Jean de commencer à apprendre le grec ou le russe pour pouvoir être admis dans un séminaire orthodoxe. Après le contact initial, le Métropolite Nikitas et le Père Jean furent sans contact pendant un certain temps, mais ils se rencontrèrent en personne, en 2003, où le Père Jean partagea avec Son Eminence son expérience d'évangélisation d'autres personnes à la foi orthodoxe. Encore une fois il y eut un long silence, puis en 2005, le Métropolite Nikitas visita à nouveau  le Pakistan et y baptisa et chrisma 300 personnes dans la foi orthodoxe. La mission orthodoxe au Pakistan fut officiellement enregistrée auprès du gouvernement du Pakistan peu après et le Père Jean (bien qu'il ne fut pas encore officiellement prêtre orthodoxe) poursuivit ses activités pastorales, évangélisa les autres par des conférences et des séminaires.

Après avoir été Chrismé en 2005, le Père Jean savait qu'il voulait rentrer dans le sacerdoce et il a donc commencé la préparation de son devoir sacré. On a demandé à Père Jean de s'inscrire au séminaire de la Sainte Croix aux Etats-Unis en 2005 et 2006, cependant aucune de ces possibilités ne se matérialisa car le Père se vit refuser à deux reprises un visa pour les Etats-Unis. Au lieu de cela, il reçut le matériel pour se préparer à étudier pour l'ordination et, en 2007, il fut envoyé au Monastère Saint-Nicolas à Tripoli, en Grèce pendant trois mois pour étudier et se préparer à l'ordination. Toutefois, en raison du changement  de Métropolite, l'ordination de Père  Jean fut encore retardée. Après le transfert de l'archevêque Nikitas comme directeur de l'Institut Orthodoxe Patriarcal Athénagoras à Los Angeles, en Californie, en 2008, le Saint Synode de l'Eglise de Constantinople a élu l'Archimandrite Nektarios comme nouveau Métropolite de Hong Kong et d'Asie du Sud. Ce changement dans la hiérarchie et la structure ralentirent les plans de Père Jean d'être ordonné prêtre en 2007, cependant ses activités pastorales au Pakistan ne cessèrent pas. Enfin, en Novembre 2008, le Métropolite Nektarios ordonna Père Jean diacre le 15 Novembre, et le jour suivant, il l'ordonna prêtre à Athènes en Grèce.

En dépit d'un grave manque de ressources financières, la Mission orthodoxe du Pakistan fournit une large gamme de soutien à ses fidèles et à d'autres dans la communauté, y compris l'éducation, la santé, l'aide financière et l'assistance des orphelins, des personnes âgées, des infirmes ou de ceux qui souffrent et y compris divers programmes de sensibilisation. Leurs moyens de subsistance propres ont été sacrifiés pour soutenir l'Eglise, mais ils gardent joyeusement et fidèlement le cap que Dieu a mis devant eux. Ils ont été soutenus financièrement uniquement avec le salaire de la presbytera, et jusques au 31 août, elle  travaillait dans une école catholique romaine privée d'enseignement de l'anglais. Toutefois, elle a été forcée de quitter l'école le jour avant le début de la rentrée scolaire parce qu'elle est orthodoxe. De plus, ils sont contraints de trouver des moyens alternatifs d'éducation pour leurs trois enfants qui étudient dans la même institution.







À la lumière des récentes inondations qui ont dévasté le pays entier du Pakistan, sans mentionner les innombrables attentats suicides et l'environnement autrement instable, le Père Jean et la Mission orthodoxe du Pakistan ont besoin de notre aide maintenant plus que jamais. En raison d'une perte complète de salaire, les Tanveer ont besoin de soutien financier pour non seulement survivre, mais aussi pour poursuivre et étendre les activités pastorales de la Mission orthodoxe au Pakistan. S'il vous plaît joignez-vous à nous dans la prière pour ce prêtre fidèle et sa famille et considérez la manière dont vous pouvez soutenir la Mission orthodoxe au Pakistan. Merci

Orthodox Mission in Pakistan
PO Box 9371
Baltimore, MD 21228

USA
Chèque ou Mandats postaux payable à Orthodox Mission in Pakistan.
Dons par carte voir site


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
et

L'Ermitage du cœur (195)


Vis chaque jour que Dieu fait

Dans la louange du Nom
Et chaque heure de ton temps
Restera dans l'éternité de Dieu

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Pentecôte au Monastère de Stretinsky

День Святой Троицы 2010 года в Сретенском монастыре. Фото: Евгений Теплов / Православие.Ru
Фото: Евгений Теплов / Православие.Ru
in 

mardi 5 juillet 2011

Hiéromoine Théologue: Les premiers pigmées orthodoxes



De la fenêtre du Boeing 737, je pouvais voir la jungle équatoriale dessous, enveloppée dans son manteau brumeux comme une infinie mer verte. J'ai revu en mon esprit l'ensemble de belles créations de Dieu - rationnelles et l'irrationnelles - qui y vivent. Après un vol d'environ une heure et quinze minutes, nous avons atterri en frôlant presque les sommets des grands arbres puissants, lorsque la piste de l'Impfondo (République du Congo) est soudainement apparue devant nous.

Parmi la foule qui attendait, je pouvais discerner une grande silhouette portant une soutane: c'était le diacre Serge. Au temple nous avons été accueillis avec des fleurs par plusieurs de nos fidèles. J'ai apprécié quelques heures merveilleuses de prières avec eux, pendant le Grand Carême.

Leur participation quotidienne était vivante pendant les Matines et les Grandes Vêpres. Pendant la Divine Liturgie de l'Annonciation et de la Vénération de la Croix, la maison que nous avions louée était remplie de néophytes, à l'intérieur et à l'extérieur. Leurs âmes étaient aussi remplies des vérités de notre foi qui concernaient notre Sainte Mère et la précieuse Croix, lors de la catéchèse qui suivit. 
Quoi que le Seigneur nous inspirait  de dire, ils l'entendaient dans trois langues différentes: en français, pour ceux qui étaient allés ou allaient à l'école; en lingala, pour beaucoup de femmes et les analphabètes, et dans la langue  baâka des pygmées, comme les gens du pays les appellent. Les Pygmées sont nombreux parmi nos fidèles et ce sont des ouailles très ponctuelles. Ils sont nombreux parmi les habitants d'Impfondo, après la création de deux districts aux abords de la ville.



À la mi-mars, le gouvernement a organisé un autre type de forum pour les Pygmées. Des camps et des lieux de rencontre ont été créés en dehors de la ville, ainsi qu'un amphithéâtre pour les événements officiels. Beaucoup de visiteurs sont arrivés et d'énormes dépenses ont été faites. Le thème: la reconnaissance des droits des Pygmées et leur acceptation comme membres égaux dans les communautés locales. On leur a également attribué une section de la jungle à côté de la rivière, où ils ont construit leurs huttes. De cette façon, leur position parmi les Bantous, les autres Africains, a été officiellement améliorée, cependant, pas leurs finances, parce que rien n'a été laissé au cours de l'argent qui leur avait été abondamment attribué. 
Ils ont continué à venir à l'Eglise en haillons sales. C'est la raison pour laquelle nous avons organisé un comité pour les fidèles et nous avons acheté et distribué des vêtements (intacts, quoique de seconde main) au bazar. Ce furent les vêtements qu'ils portèrent également à leur baptême.
Le 26 Mars, sur les rives du fleuve Oubangui, j'ai effectué le baptême du troisième groupe à Impfondo. Parmi les catéchumènes, vingt-sept ont été préparés, dont douze étaient de petits enfants. Dix-sept étaient Bantous, dont dix étaient des Pygmées, quatre hommes et six femmes.

Une fois encore, une pirogue a été utilisée comme plate-forme, afin que l'eau soit assez profonde au point de baptême [pour l'immersion]. Un assez grand nombre de fidèles étaient venus, et plusieurs de nos pygmées catéchumènes étaient également présents, observant le Sacrement du Baptême et se réjouissant avec ceux qui étaient baptisés. 
Ils étaient assis sous l'ombre des grands arbres sur les rives du fleuve. Nous, cependant, étions observés par le regard brûlant du soleil équatorial, ainsi que par les pêcheurs qui passaient près de nous avec leurs pirogues.
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Le Baptême du groupe a duré plus de deux heures, et les cœurs et les visages des nouveaux baptisés brillaient, tout comme leurs cierges blancs et leur chemise blanche, il y en avait autant que nous avions pu en  trouver au marché. Les anges les avaient aussi étreints avec joie, les protégeant contre la fureur des démons: lors de notre départ, nous avons entendu un grand bruit derrière nous, tandis qu'une grosse branche se détachait d'un arbre gigantesque, tombant exactement à l'endroit où, seulement trois minutes avant cela,  étaient assis les familles des pygmées qui observaient le sacrement. 
Quand nous sommes arrivés près de notre Eglise, un scooter a heurté la petite Rebecca alors qu'elle traversait la route. Elle aussi avait observé le baptême avec sa mère, toutes deux étant orthodoxes. Nous l'avons emmenée à l'hôpital immédiatement. Heureusement, elle n'a eu que quelques contusions aux pieds: son Ange la tenait par la main ...

Pendant la Divine Liturgie de la vénération de la Précieuse Croix, les vingt-sept nouveaux baptisés ont d'abord reçu la Sainte Communion, puis, presque tous les fidèles. Des rafraîchissements étaient offerts, et une homélie sur la  Précieuse Croix a été prononcée. Les Pygmées chantaient leur joie et dansaient, selon leur propre tradition.

Cependant, ma joie fut rendue parfaite par  le report de mon vol le lendemain, nous donnant l'occasion d'un autre séjour de quatre jours dans cette ville africaine traditionnelle, où un vélo primitif m'a aidé à mieux la connaître, mais également permis les conditions de maturation pour l'achat le jour même de la propriété sur laquelle l'église de Saint-Marc sera érigée.

L'évangéliste Marc, saint protecteur de l'Afrique, s'occupera par la suite de la nouvelle communauté orthodoxe, assurant sa continuité et faisant en sorte que les rêves de nos frères se matérialisent.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
et

L'Ermitage du cœur (194)


Le temps de la prière
Est le temps de Dieu
Ne le vole pas
En négligeant ton âme

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Сердце Грузии/Матушка Соломея. Некреси

Матушка Соломея. Некреси. Фото: Игорь Калядин
Фото: Игорь Калядин
in

lundi 4 juillet 2011

Archimandrite Georges, Higoumène du Monastère de Grigorios au Mont Athos: (10 & Fin) Conséquence de la guidance spirituelle qui ne mène pas à la déification


Греческий монастырь на горе Фавор. Роспись кафоликона. Фото: Антон Поспелов / Православие.Ru


Aujourd'hui, les jeunes gens recherchent des expériences. Ils ne se contentent pas d'une vie matérialiste, ni de la société rationaliste que nous leurs aînés nous avons mises entre leurs mains. Nos enfants, étant icônes de Dieu, "appelés à être des dieux", cherchent quelque chose au-delà des formes logiques de l'éducation de la philosophie matérialiste et athée que nous leur offrons. Ils recherchent des expériences de la vraie vie. Et, certes, il n'est pas suffisant pour eux qu'on leur parle de Dieu. Ils veulent une expérience de Lui, de Sa Lumière, de Sa Grâce. Beaucoup d'entre eux cherchent en vain, à recourir à de nombreux substituts bon marché pour trouver quelque chose en dehors ou au-delà la logique, parce qu'ils ne savent pas que l'Église a, à la fois la capacité de les réconforter, et l'expérience de ce dont ils ont soif.

D'autres sont amenés aux mystiques orientales comme le yoga, d'autres encore à l'occultisme ou au gnosticisme, et enfin, malheureusement, même au satanisme pur et simple.

Même dans la morale, ils ne connaissent nulle frontière, car la moralité, une fois séparée de son essence et dépourvue de son but, qui est de les unir au Dieu saint, finit par n'avoir absolument aucun sens.

Puis des phénomènes tragiques telles que l'anarchie et le terrorisme deviennent monnaie courante, de sorte que beaucoup de jeunes gens se donnent à chaque type d'extrémisme et de violence contre leurs semblables; ils désirent profondément satisfaire un dynamisme qu'ils ont en eux-mêmes. Ce désir profond qui est le leur, n'est pas satisfait, simplement parce qu'ils n'ont pas eu l'occasion d'être guidés vers la déification [Théosis].

La majorité des jeunes gens, et pas seulement les jeunes, gaspillent le précieux temps de leur vie, ainsi que les pouvoirs que Dieu leur a donnés pour la réalisation de l'objectif de déification, à la chasse au plaisir et au culte charnel. Malheureusement, c'est souvent avec la tolérance de l'Etat que ces choses deviennent leurs idoles contemporaines, leurs "dieux" contemporains, causant ainsi une grande corrosion à leur corps et à leur psyché.

Vivant sans idéaux quels qu'ils soient, les autres dépérissent dans diverses professions, insipides, et nuisibles, et certains prennent plaisir à conduire des voitures à des vitesses excessives sur les routes, souvent avec des résultats tragiques de blessures et de décès, et d'autres, à nouveau, après de nombreuses explorations, se rendent sans condition à une dépendance aux drogues démoniaques, nouveau fléau de notre époque.

Enfin, assez de gens, après une vie relativement courte pleine d'échec et de déception, consciemment ou inconsciemment, cherchent à mettre fin aux tourments de leur quête vaine, recourant malheureusement à la forme extrême du désespoir, le suicide.

Tous les jeunes gens qui ont recours à ces choses irrationnelles et tragiques ne sont pas des hooligans. Ils sont jeunes, enfants de Dieu, nos enfants aussi, qui, déçus par la société matérialiste, égoïste que nous leur léguons, ne trouvent pas ce pour quoi ils ont été modelés: le vrai, l'éternel. Nous ne le leur avons pas donné, et donc ils ne le connaissent pas. Ils ne connaissent pas le grand dessein de la vie de l'homme, la déification. Alors, ne trouvant pas la paix dans toutes les autres choses, ils ont recours en désespoir de cause aux formes dont nous avons parlé.

Aujourd'hui, par amour désintéressé, de nombreux bergers de notre sainte Église, évêques, prêtres, pères spirituels, et des frères laïcs, se consacrent quotidiennement à la guidance spirituelle de notre jeunesse vers le but de la déification. Nous sommes reconnaissants pour leur sacrifice et leur offrande, pour cette œuvre qui plaît à Dieu, avec laquelle, par la Grâce de Dieu, les psychés pour lequelles le Christ est mort sont sauvées et sanctifiées.

Humblement, la Sainte Montagne aide et assiste dans cette grande détresse de l'Église. Le jardin de notre Panaghia, étant un endroit spécial de sainteté et de silence consacrée à Dieu, goûte à la bénédiction de la défication, vit en communion avec Dieu, et possède une expérience intense et vivante de Sa grâce et de Sa Lumière, de sorte que beaucoup de nos semblables, la majorité d'entre eux jeunes, en bénéficient et sont raffermis et renaissent en Christ par un pèlerinage au Mont Athos, ou y en maintenant des liens plus spécifiques avec lui. De cette façon, les gens aiment Dieu dans leur vie, et commencent à comprendre ce qu'est l'Orthodoxie, ce qu'est la vie chrétienne, ce que le combat spirituel est, et quelle joie et grande signification ces choses donnent à leur existence. C'est-à-dire, qu'ils goûtent quelque peu à ce grand don de Dieu à l'homme, la déification.

Tous, Pasteurs de l'Église, théologiens,  catéchistes, n'oublions pas de guider spirituellement vers la déification, par laquelle les jeunes gens, mais aussi nous tous humbles, avec la grâce de Dieu et dans notre lutte quotidienne, lutte de repentance et d'observance de Ses commandements sacrés, acquérons la possibilité de jouir de cette bénédiction de Dieu, de cette union avec Lui, pour en profiter très fortement dans cette vie, mais aussi pour gagner le bonheur éternel et la béatitude.

Sans cesse remercions le Seigneur Saint pour le don de la déification, qui est un don de Son amour. Répondons à Son amour avec notre propre amour. Le Seigneur veut et désire que nous soyons déifiés. Après tout, à cette fin, Il S'est fait homme et Il est mort sur la Croix, afin de briller comme Soleil au milieu des soleils, et comme Dieu au milieu des dieux.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Illustration:
Monastère grec du Mont Thabor

L'Ermitage du cœur (193)


Tu n'es qu'un pèlerin
Mais la halte de ta vie
Est dans le Royaume
Du Roi Céleste

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Jean-Claude LARCHET: Recension/ Michel Quenot, « Personne n'a jamais parlé comme Lui: L'enseignement des Paraboles »

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Michel Quenot, « Personne n'a jamais parlé comme Lui: L'enseignement des Paraboles», éditions Saint-Augustin, Saint Maurice (Suisse), 2010, 239 p.
Dans ce nouveau livre, le père 
Michel Quenot quitte le monde de l’icône qui lui est cher, pour nous offrir des commentaires des paraboles contenues dans les Évangiles, lequelles ont été rassemblées par thèmes: « À la conquête du Royaume »; « Accueillir le don de Dieu »; « Miséricorde et bonté de Dieu »; « L’attitude juste envers l’autre »; « L’attitude juste envers Dieu »; « Sur le jugement dernier »; « Agir avec sagesse ».
Dans ces courtes méditations, on retrouvera le style simple de l’auteur, qui ouvre ses textes à un public large et les rend appropriés à la catéchèse.
À défaut de pouvoir trouver des illustrations proprement iconograhiques (que les canons n’autorisent pas, puisque les paraboles ne mettent pas en jeu des personnes réelles), on trouve ici avec plaisir dix remarquables dessins en noir et blanc réalisés par le grand iconographe 
Photis Kontoglou.
Lire la suite "Recension: Michel Quenot, « Personne n'a jamais parlé comme Lui: L'enseignement des Paraboles »" »

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Белые ночи/ Nuit blanche

Белые ночи. Фото: архиепископ Вологодский и Великоустюжский Максимилиан
Фото: архиепископ Вологодский и Великоустюжский Максимилиан
in

dimanche 3 juillet 2011

Archimandrite Georges, Higoumène du Monastère de Grigorios au Mont Athos: (9) Conséquence de la guidance spirituelle pour la déification

Икона Божией Матери Милостивая, Киккская


CONSÉQUENCES DES ORIENTATIONS POUR déification


La guidance spirituelle qu'offre l'Eglise orthodoxe, avec les Services Divins, la théologie patristique, le monachisme est a une orientation theanthropocentrique [i.e. elle unit Dieu et l'homme]. Son centre est le Christ, Dieu-homme, et elle conduit à la déification [Theosis].

Cela apporte une grande joie dans notre vie quand nous savons ce qu'est un grand destin que nous avons, et que ce bonheur qui nous attend.

Car fixer notre regard sur la déification adoucit la douleur dans toutes les épreuves et tous les soucis de la vie.

Lorsque nous nous battons pour atteindre le but de déification, c'est-à-dire, quand nous nous voyons les uns les autres comme des dieux à venir, notre attitude envers nos semblables change pour le mieux. Combien plus profonde et plus importante sera la guidance spirituelle que nous allons ensuite donner à nos enfants! De quelle manière agréable à Dieu un père et une mère aimerons alors et respecterons leurs enfants, en sentant la responsabilité et la charge sainte qu'ils auront à leur égard; et comment les aideront-ils alors, par la grâce de Dieu, pour atteindre la déification, la fin pour laquelle ils les ont mis au monde! Et comment les aideront-ils tout naturellement, si eux-mêmes ne sont pas orientés vers ce but, vers la déification? Combien plus de respect que nous aurons pour nous-mêmes lorsque nous ressentirons pour nous-mêmes qui nous avons été modelés pour ce grand dessein, quand nous sommes sans égoïsme et orgueil qui s'opposent à Dieu!

Certes, les saints Pères et les grands théologiens de l'Eglise disent que c'est de cette façon, en surmontant notre amour-propre et la philosophie anthropocentrique de l'égoïsme, que nous devenons des personnes réelles, de vrais hommes. Ensuite, nous allons rencontrer Dieu avec révérence et amour, mais aussi répondre à notre semblable avec respect et dignité véritable ne le voyant pas comme un outil de plaisir et d'exploitation, mais comme une icône de Dieu destinée à la déification.

Tant que nous sommes enfermés au sein de nous-mêmes - au sein de notre ego - nous sommes des individus, mais pas des personnes. Une fois que nous sortons de notre existence individuelle fermée et commençons, en accord avec cette orientation basée sur la déification, avec la grâce de Dieu, mais aussi avec notre propre coopération - à aimer, à nous offrir d'autant plus à Lui et à notre prochain, nous devenir des personnes véritables. C'est-à-dire que lorsque notre "moi" rencontre le "Tu" de Dieu, et le "vous" de notre frère, alors nous commençons à notre propre moi perdu. Car à l'intérieur de la communion dans la déification pour laquelle nous avons été modelés, nous sommes en mesure de nous ouvrir, pour communiquer, pour vraiment nous apprécier les uns les autres... et pas seulement d'une manière égoïste.

C'est la philosophie de la Divine Liturgie, dans laquelle nous apprenons à surmonter les intérêts étroits, minimalistes auxquels le Diable, nos péchés, et nos passions nous obligent, au lieu d'apprendre à nous ouvrir à une communion de sacrifice et d'amour dans le Christ.

Une prise de conscience de cet appel important, à savoir celui de la déification, console et complète bien l'homme.

L'humanisme de notre Église orthodoxe est basé sur cette grande vocation de l'homme, et de ce fait, elle se développe tous ses pouvoirs à l'extrême.

Quelle autre forme d'humanisme, tout progressiste et libéral qu'il puisse paraître, est aussi révolutionnaire que celui de l'Eglise qui est capable de faire de l'homme un dieu? Seul l'humanisme de l'Eglise atteint un but si élevé.

Aujourd'hui en particulier, lorsque tant de gens tentent de tromper le peuple, et en particulier les jeunes, en proposant de faux humanismes qui en fait mutilent l'homme et ne le complètent pas, l'accent mis sur cette guidance [spirituelle] de l'Eglise a une grande importance

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

L'Ermitage du cœur (192)





Le bonheur est simple
De savoir que ton avenir
Dieu le voulant
Est celui du Royaume

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Feuillets Liturgiques de la Cathédrale Russe de Genève (version bilingue)

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sur:

VIE DE SAINT NICOLAS CABASILAS
Né à Thessalonique vers 1322, saint Nicolas était issu, par son père, de la famille des Chamaétos ; mais il adopta ensuite le patronyme de sa mère : Cabasilas, famille ancienne et réputée. Dès sa jeunesse, il reçut sa formation spirituelle de Dorothée Blatès, proche disciple de saint Grégoire Palamas, et fréquenta les cercles de pieux laïcs qui s’adonnaient à la Prière de Jésus sous la direction de saint Isidore, le futur patriarche (1347-1350). Et après avoir reçu sa première éducation littéraire et philosophique auprès de son oncle, Nil Cabasilas, il alla poursuivre ses études à l’École de Philosophie de Constantinople. Il y acquit une haute culture littéraire, et son admiration de l’Antiquité classique le fit se ranger dans les milieux humanistes, sans toutefois s’écarter de l’enseignement de l’Église. Pendant son séjour dans la capitale, la controverse entre saint Grégoire Palamas et Barlaam sur la possibilité de la divinisation de l’homme par les énergies incréées de la grâce, éveilla son attention sur la fin ultime de la vie chrétienne, mais il se pencha alors davantage sur les problèmes sociaux et politiques de son époque.
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Иордань/ Le Jourdain [du Nord!]

Иордань. Фото: Сергей Веретенников
Фото: Сергей Веретенников
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samedi 2 juillet 2011

Archimandrite Georges, Higoumène du Monastère de Grigorios au Mont Athos: (8) L'échec de nombreux êtres qui veulent atteindre la déification


Ainsi, alors que nous avons été appelés à ce grand dessein de nous unir à Dieu, de devenir des Dieux par Grâce, et de profiter de cette grande bénédiction pour laquelle notre Créateur nous a faits, cependant nous vivons souvent comme si cet objectif grand et noble n'existait pas pour nous. Pour cette raison, notre vie est remplie d'échecs.

Notre Dieu saint nous modelé pour la déification, donc si nous ne sommes pas déifiés, notre vie entière est un échec.

Citons quelques-unes des raisons de cet état de fait...

1) L'attachement aux soucis basiques de la vie

Nous pouvons faire des choses bonnes et belles; nous pouvons étudier, avoir une profession, élever une famille, acquérir des biens ou accomplir des actes de bienfaisance. Quand nous voyons le monde et l'utilisons eucharistiquement, comme un don de Dieu, alors tout se joint à Lui et devient un chemin vers l'union avec Dieu. Si même alors, nous ne nous unissons pas avec Dieu, nous avons échoué, et tout a été inutile.

Habituellement, les gens échouent parce qu'ils sont induits en erreur par les divers buts secondaires de la vie. Ils ne placent pas la divinisation en premier et avant toute chose. Ils sont absorbés par les belles choses du monde et perdent de vue l'éternel. Ils se donnent entièrement à des fins secondaires, et oublient "la seule chose nécessaire" (cf. Luc 10:42).

Particulièrement aujourd'hui, les gens sont constamment occupés, et nous négligeons notre salut dans l'intérêt de ces activités quotidiennes. Peut-être cela est-il un stratagème du diable pour tromper même les élus. Par exemple, nous dépensons maintenant du temps à l'apprentissage, à étudier, lire, nous n'avons pas le temps de prier, d'aller à l'église, ou de nous confesser et de prendre part à la Sainte Communion. Demain, nous aurons des réunions et des conseils, des obligations personnelles et sociales; comment trouverons-nous le temps pour Dieu? Après-demain, nous aurons des mariages, les affaires de la famille, il est impossible de s'engager dans les choses spirituelles. Nous aussi, répétons continuellement à Dieu: "Je ne peux pas venir... je Te demande de m'excuser" (cf. Luc 14:19-20).

Ainsi, toutes les choses belles et légitimes perdent leur valeur.

Toutes ces choses ont une valeur réelle et substantielle lorsqu'elles sont entreprises avec la Grâce de Dieu, par exemple, quand nous essayons de tout faire pour la gloire de Dieu, mais seulement quand on ne cesse de nostalgie et de continuer à poursuivre ce qui est au-delà des études, au-delà de la profession, au-delà de la famille, au-delà de toutes les responsabilités de bonnes et saintes et des activités; c'est seulement quand nous continuons à désirer également la déification, que toutes ces choses trouvent leur sens réel dans une perspective éternelle. C'est alors qu'elles sont bénéfiques pour nous.

Le Seigneur a dit: "Cherchez premièrement le Royaume de Dieu, et toutes ces choses vous seront données de surcroît" (Matthieu 6:33). Le Royaume de Dieu est déification, c'est lorsque nous recevons la grâce de l'Esprit Très Saint. Lorsque la Grâce divine vient et règne en l'homme, l'homme est gouverné par Dieu, et grâce à ces hommes déifiés, la Grâce de Dieu vient à d'autres hommes et à la société. Mais comme les Pères l'enseignent, dans la Prière du Seigneur: "Que ton Règne vienne" signifie " que vienne la grâce de l'Esprit Saint". Quand il arrive, c'est ce qui divinise l'homme.

2) Le moralisme

Malheureusement, l'esprit de moralisme dont nous avons parlé précédemment, c'est-à-dire, ce qui consiste à fonder la vie chrétienne sur l'amélioration morale, a nui à la piété et à la spiritualité des chrétiens à un degré significatif, même ici dans notre pays. Nous avons souvent cessera de poursuivre la déification en raison de l'influence occidentale sur notre théologie.

La guidance qui vise seulement à l'amélioration morale est anthropocentrique - elle est centrée sur l'homme, et en elle, l'effort humain domine, et non pas la grâce de Dieu. Il semble donc que si c'est notre propre moralité qui nous sauve, et non pas la Grâce de Dieu. La vie dans ces conditions, ne nous donne pas l'expérience authentique de Dieu, donc l'âme n'est pas vraiment satisfaite, car sa soif inassouvie demeure. Cette méthode de guidance a été éprouvée, et elle a échoué parce qu'elle ne représente pas le véritable esprit de l'Eglise du Christ. Elle est souvent responsable de l'athéisme et de l'indifférence de beaucoup de gens envers la vie spirituelle, en particulier chez les jeunes.

Dans nos catéchismes, nos sermons et tout ce que dit par les parents, les enseignants, le clergé et les autres ouvriers de l'Eglise, au lieu de parler des améliorations stériles de l'humanité, éduquons les chrétiens dans la déification. C'est le véritable esprit et l'expérience de l'Eglise. Sinon, les vertus, indépendamment de leur grandeur, n'accomplissent pas, en fait, le but de la vie chrétienne. Elles sont tout simplement les voies et les moyens qui nous préparent à accepter la déification, la Grâce de l'Esprit Saint, comme saint Séraphim de Sarov l'a clairement enseigné.

3)  L'humanisme anthropocentrique 

Cet humanisme auto-suffisant, est un système socio-philosophique qui est séparé de fait et indépendant de Dieu. Il conduit l'homme contemporain à une civilisation fondée sur l'égoïsme, et il a amené l'humanité moderne dans une impasse. Au nom du développement et de la libération de l'humanité, il veut nous éloigner de notre foi chrétienne orthodoxe.

Mais y a-t-il un plus grand développement possible pour l'homme que la déification?

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

L'Ermitage du cœur (191)


Sois le pèlerin irénique
Qui chemine dans ce monde
Avec la certitude claire
De la victoire finale du Christ

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Radio (France culture): « Saint Maxime le Confesseur », avec Jean-Claude Larchet.



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L’émission de radio Orthodoxie, sur France culture, du dimanche 3 juillet, à partir de 8 heures, sera consacrée à saint Maxime le Confesseur, à l’occasion de la parution du premier volume des « Questions à Thalassios » dans la collection « Sources chrétiennes ». Au cours d’un entretien avec Alexis Chryssostalis, Jean-Claude Larchet, auteur de l’introduction et des notes, évoquera la vie et l’œuvre de saint Maxime le Confesseur, son engagement dans le combat contre les hérésies monoénergiste et monothélite, et fera une présentation générale des « Questions à Thalassios ». Une seconde émission, qui sera diffusée le dimanche 17 juillet, présentera quelques thèmes majeurs de cette œuvre importante pour la théologie et la spiritualité chrétiennes.
L'émission pourra être écoutée en direct par l’Internet sur le site de France culture, puis, ensuite, sur cette page où se trouvent également les précédentes émissions en podcasts.

Liturgie à l'église saint André le Potoclyte/Литургия в церкви Андрея Первозванного

Литургия в церкви Андрея Первозванного. Фото: Сергей Веретенников
Фото: Сергей Веретенников
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vendredi 1 juillet 2011

Archimandrite Georges, Higoumène du Monastère de Grigorios au Mont Athos: (7) Expériences de déification



Les expériences de déification [Théosis] sont proportionnelles à la pureté de l'homme. Plus quelqu'un est purifié des passions, plus haute sera l'expérience qu'il recevra de Dieu, il voit Dieu comme cela fut écrit: "Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu" (Matthieu 5:8).

Quand l'homme commence à se repentir, à se confesser, et à pleurer pour ses péchés, il reçoit les premières expériences de la Grâce de Dieu. Ces expériences sont d'abord des larmes de repentir, qui apportent une joie indicible à la psyché, et puis la paix profonde qui suit cela. Pour cette raison, ce deuil pour nos péchés est appelé "deuil joyeux", comme le Seigneur le dit également dans Ses Béatitudes: "Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés" (Matthieu 5:4).

Ensuite, nous procédons vers des stades supérieurs par l'illumination divine dans laquelle le noûs [intellect] est illuminé et voit les choses, le monde, et les hommes avec une autre Grâce.

Puis le chrétien aime Dieu encore plus, et des larmes nouvelles et différentes viennent, plus grandes, qui sont des larmes d'amour pour Dieu, les larmes de l'éros divin. Alors, il ne pleure plus pour ses péchés, parce qu'il a la certitude que Dieu a pardonné ses péchés. Ces nouvelles larmes, qui apportent à la psyché un plus grand bonheur, la joie et la paix, sont une meilleure expérience de divinisation.

Ensuite, l'homme acquiert l'absence de passion: une vie sans passions trompeuses et faiblesses coupables. Puis il est calme et paisible face à toutes les agressions externes, ayant été délivré de l'orgueil, de la haine, de la méchanceté, et des désirs de la chair.

Il s'agit de la deuxième étape de divinisation, appelé "theoria", au cours de laquelle l'homme, ayant déjà été purifié des passions, est illuminé par l'Esprit Saint, est rendu lumineux sur la voie qui le fera devenir déifié. La "theoria" signifie vision. La theoria de Dieu signifie une vision de Dieu. Pour voir Dieu, il doit être un homme déifié. Ainsi, la theoria de Dieu signifie aussi la divinisation.

Bien sûr, quand il a été soigneusement purifié et s'est offert entièrement à Dieu, alors il reçoit également la plus grande expérience de la Grâce divine pour les hommes, qui, selon les saints Pères, est la vision de la Lumière Incréée de Dieu. Ceux qui sont très avancés dans la divinisation voient cette Lumière, il en est très peu à chaque génération. Les saints de Dieu la voient et apparaissent en son sein, et, accessoirement, c'est ce que les halos des saintes icônes nous montrent.

Ainsi, dans la vie de saint Basile le Grand, il est dit que quand saint Basile était en prière dans sa cellule, ceux qui pouvaient le voir, ont vu que lui-même, et même sa cellule, brillaient dans cette Lumière Incréée de Dieu, la Lumière de la grâce divine. Dans la vie de beaucoup des nouveaux martyrs de notre foi, nous lisons que, après d'horribles tortures, quand les Turcs pendaient leurs corps dans les places de la ville pour intimider les autres chrétiens, pendant de nombreuses nuits une lumière apparaissait autour d'eux. Elle brillait si clairement et si vive que, parce que de cette manière la vérité de notre foi était si brillamment montrée, les conquérants ordonnèrent qu'on les enlève, de sorte qu'ils n'aient pas honte devant les chrétiens, qui voyaient comment Dieu glorifiait Ses saints martyrs.

La grâce de la divinisation préserve les corps des saints incorruptibles, et ce sont les saintes reliques qui exsudent la myrrhe et font des miracles. Comme saint Grégoire Palamas le dit, la grâce de Dieu, ayant d'abord été unie avec le psychisme des Saints, après elle enveloppe leurs corps saints comme un suaire et emplit aussi de Grâce: non seulement leurs corps, mais aussi leurs tombes, leurs icônes et leurs Églises. Voici la raison pour laquelle nous vénérons et embrassons les icônes, les reliques des saints, les tombes, et les églises des saints. Grâce à la divinisation, toutes ces choses ont quelque chose de la grâce de Dieu qu'avait le saint dans sa psyché en raison de son union avec Dieu.

Par conséquent, dans l'Eglise, nous jouissons de la grâce de divinisation non seulement avec notre psyché, mais aussi avec notre corps, parce que le temple de l'Esprit Saint qui habite en elle, et partage ses luttes avec la psyché, le corps est sûrement glorifié.

La grâce jaillissant du Seigneur Saint, le Christ Dieu-homme,  est répandue dans notre Panaghia [Très Sainte, id est la Mère de Dieu], dans les Saints, et elle vient aussi à ceux d'entre nous qui sont humbles.

Il est certainement intéressant de noter que les expériences des chrétiens ne sont pas toujours les expériences de divinisation et ne sont pas toujours aussi spirituelles. Beaucoup de gens ont été trompés par des expériences démoniaques ou psychologiques. Afin qu'il n'y ait pas de danger d'illusion et aucune influence démoniaque, tout ceci doit être humblement mentionné au père spirituel, qui, éclairé par Dieu, discernera si ces expériences sont authentiques ou non, et il vous donnera la direction appropriée à la psyché qui se confesse. Généralement, notre obéissance au Père spirituel est l'un des points les plus fondamentaux de notre chemin spirituel. A travers elle nous acquérons un esprit ecclésiastique de disciple du Christ par lequel la légitimité de nos efforts est confirmée, afin de nous guider vers l'union avec Dieu.

Au sein de l'Eglise, un domaine spécial de divinisation est le monachisme, où les moines, ayant été sanctifiés, reçoivent des expériences élevées d'union avec Dieu.

Beaucoup de moines qui vivent la divinisation et la sanctification aident aussi toute l'Église, car, comme nous, les chrétiens le croyons, en suivant en cela la tradition séculaire de l'Eglise sainte, la lutte des moines a un effet positif sur la vie de chaque fidèle qui se lutte dans les monde. Dans notre Orthodoxie, le peuple de Dieu a une grande vénération pour le monachisme à cause de cela.

Après tout, dans l'Eglise, nous participons à la communion des saints, et nous faisons l'expérience de la joie de l'union avec le Christ. Nous entendons par là que dans l'Eglise nous ne sommes pas isolés, mais membres d'une unité, d'une fraternité, d'une communauté fraternelle... non seulement entre nous, mais aussi avec les saints de Dieu, ceux qui vivent aujourd'hui sur la terre et ceux qui nous ont quittés. Pas même à la mort les chrétiens ne sont divisés. La mort est incapable de séparer les chrétiens, car ils sont tous unis dans le corps ressuscité du Christ.

Par conséquent, chaque dimanche et à chaque fois que la Divine Liturgie est célébrée, nous sommes tous présents avec tous les anges et tous les saints à travers tous les âges. Même nos parents défunts sont présents, si, bien sûr, ils sont unis avec le Christ. Nous sommes tous là et communiquons entre nous mystiquement, et non pas extérieurement, mais en Christ.

Cela est évident au cours de la prothèse, où les portions de la Panaghia, des saints, et des chrétiens vivants et défunts, sont toutes placées sur la Sainte Patène autour de l'Agneau, du Christ. Après la sanctification de la sainte oblation, toutes ces parcelles sont immergées dans le Sang du Christ.

C'est la grande bénédiction de l'Eglise, que d'être ses membres et, en tant que membres du Corps du Christ, de pouvoir communiquer/communier non seulement avec Dieu mais aussi entre nous.

La tête de ce corps est le Christ Lui-même. La vie vient de la tête au corps. Le corps a certainement des membres vivants, mais il a aussi des membres qui n'ont pas la même vitalité, non pas tous les membres ont une santé parfaite. Ceci s'applique à la majorité d'entre nous. La vie vient du Christ Lui-même et les membres de Ses membres vivants; le sang sain est également livré à d'autres membres en moins bonne santé, de sorte que lentement, lentement, ils deviennent également sains et forts. C'est pourquoi nous devons être dans l'Eglise... afin de recevoir de la santé et la vie, parce que à l'extérieur du corps de l'Eglise, il n'ya pas de possibilité que nous puissions guérir et devenir revivifiés.

Tout cela, bien sûr, ne vient pas immédiatement. Tout au long de notre vie, le chrétien orthodoxe doit lutter, de sorte que, lentement, lentement, au sein de l'Église, avec la grâce de Dieu, avec l'humilité, le repentir, la prière et les Saints Mystères, il peut être sanctifié et déifié.

Ceci, cependant, est le but de nos vies; le grand but. Il n'est pas si important de savoir exactement jusques où nous progressons. Notre lutte elle-même, que Dieu bénit abondamment, a une valeur à la fois dans le siècle présent et dans le siècle à venir.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après