"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 24 juin 2009

Sainte Euphrosyne de Moscou


Евфросиния (Евдокия) Московская




A l'époque j'avais 12 ans. Je vivais à Moscou et j'aimais aller à l'église le dimanche, à la fois le matin et le soir, mais ma famille ne me laissait pas y aller la nuit. Ainsi, après avoir participé aux deux premières liturgies, j'allais dans ces églises qui sont ouvertes jusqu'à la nuit, et le soir j'allais dans "mon" église pour les Vigiles. 

Je n'avais pas d'endroit où aller manger, et j'avais faim toute la journée. Mon père était souvent en colère contre moi à cause de mes visites à l'église. Si je ne rentrais pas la maison pendant la journée, il ordonnait à ma marâtre de ne pas me donner de la nourriture dans la soirée. Elle avait pitié de moi, et m'ouvrant la porte dans la soirée, elle murmurait: "Tu as un morceau de pain et une pomme de terre cuite sous ton oreiller." 

Un jour, le dimanche, ayant assisté aux deux liturgies et après avoir erré autour du Kremlin, je suis allé à la châsse de Sainte Euphrosine, la Grande-Duchesse de Moscou. Il n'y avait personne dans l'église, à l'exception d'une moniale qui faisait le nettoyage de l'église. 

Je me suis approché de la châsse de la sainte, je me suis mise à genoux et j'ai commencé à prier ainsi: "Mère Euphrosine, aide-moi, fais en sorte, que je n'ai pas envie de manger." Je me suis levée, j'ai embrassé l'icône et j'ai fait demi-tour. 

J'ai regardé, et je ne pouvais pas en croire mes yeux. Une grande, vénérable moniale se tenait devant moi, tenant une prosphore tellement grande, que je n'en avais jamais vue d'une telle grandeur auparavant dans ma vie. Je suis resté paralysée, désorientée, silencieuse, la bouche grande ouverte, regardant la moniale. 

Elle m'a dit gentiment: "Cette prosphore est pour toi, ma fille. Prends et mange". 

Je l'ai prise en silence, je n'ai pas eu l'audace de dire un seul mot, ni de détacher mes yeux de la moniale. Mais elle a fait demi-tour et elle est partie calmement au sanctuaire, comme en flottant sur l'air, et elle a disparu derrière la porte. Alors seulement, je suis revenue à la réalité.

Alors je suis allée dans une église, où je savais qu'il y avait de l'eau bénite. Là, j'ai bu et mangé de la prosphore qui m'avait été donnée. Il est impossible de décrire le goût de celle-ci...

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Aucun commentaire: