"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 9 octobre 2008

Prière du cœur Geronda Joseph de Vatopaidi


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LA PRIÈRE DU CŒUR 
POUR LES FIDÈLES 
QUI VIVENT DANS LE MONDE 
Geronda Joseph de Vatopaidi 
( Mont Athos)
On me pose la question de savoir “s’il est possible à ceux qui vivent dans le monde de pratiquer la prière noétique”. La réponse est oui! Afin de rendre cette affirmation claire à ceux qui sont intéressés et d’informer ceux qui ne sont pas conscients de cette possibilité, nous allons brièvement expliquer afin que nul ne soit dans l’embarras à cause des diverses interprétations et définitions qui sont données de la prière noétique.
En général, la prière est la seule occupation et la seule vertu obligatoire et indispensable à tout être rationnel, qu’il soit doué de sensations et de pensée, qu’il soit humain ou angélique. C’est la raison pour laquelle [l’apôtre Paul] nous en¬joint de prier sans cesse.
La prière n’est pas divisée dogmatiquement en types et méthodes mais, selon les Pères, tout type de prière et toute méthode de prière est bénéfique, pour autant qu’elle ne soit pas sous l’influence d’une illusion diabolique. Le but de cet exercice très vertueux et de diriger et de garder l’intellect de l’homme vers Dieu. Dans ce but, nos Pères ont mis au point des méthodes de prière plus accessibles et ont simplifié la prière, afin que l’intellect puisse plus facilement et de plus en plus fermement se tourner vers Dieu et demeurer en Lui. Avec les autres vertus, les autres parties du corps de l’homme interviennent ainsi que les sens tandis que le bien¬heureuse prière de l’intellect seul est pleinement active.Ainsi beaucoup d’effort est nécessaire pour faire violence à l’intellect et pour le brider, afin que la prière devienne acceptable et produise des fruits. Nos très saints Pères, qui aimaient Dieu pleinement avaient pour but principal de leur étude, de s’unir à Dieu et de rester continuelle¬ment en Lui. Ils mirent de ce fait tous leurs efforts dans la prière pour parvenir à cette fin.
Il est d’autres formes de prière qui sont conues et communes à presque tous les chrétiens: nous n’allons pas en parler à présent. Nous nous limiterons à ce que l’on appelle la prière noétique, car c’est elle que l’on nous demande toujours d’expliquer. C’est un sujet qui concerne une multitude de fidèles puisque presque rien n’en est connu, qu’elle elle souvent mal interprétée et décrite d’une manière assez invraissemblable. La manière précise de la metter en pratique aussi bien que les résultats de sa vertu déifiante qui mène de la purification à la sanctification, nous laisserons les Pères en parler. Dans notre indigence, nous ne mentionnerons que ces choses qui sont nécessaires pour clarifier ce sujet et convaincre nos frères vivant dans le monde qu’ils doivent s’adonner à cette prière.
Les Pères l’appellent noétique parce qu’elle est faite avec l’intellect ( nous en grec), mais ils l’appellent aussi sobre vigilance ( nepsis) ce qui signifie presque la même chose. Les Pères nous décrivent l’intellect comme être libre et curieux qui ne supporte pas l’enfermement et n’est pas persuadé par ce qu’il ne peut concevoir de lui-même. C’est la raison pour laquelle, ils ont d’abord choisi quelques mots qui ont composé une seule prière très simple, “Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi”, afin que l’intellect ne doive pas fournir un gros effort comme pour une prière longue. Ensuite, ils tournèrent l’intellect vers l’intérieur, vers le centre de notre raison, où il doit se tenir immobile dans l’invocation du très doux Nom de notre Seigneur Jésus, afin de ressentir la divine consolation aussi vite que possible. Il est impossible selon les Pères, que notre bon Maître, ainsi appelé continuellement, ne nous entende pas, Lui qui désire si ardemment le salut des hommes.
De même qu’une vertu à laquelle on aspire ne peut être obtenue que par des moyens favorables, ainsi, cette œuvre sainte demande quelques rudiments indispensables: un certain degré de calme, être libre de tout souci, éviter de vouloir comprendre et de répandre la nouvelle de ce qui arrive alors, “donner et prendre” comme le disent les Pères, une discipline personnelle en toute chose, et le silence absolu qui résulte de ces choses. De plus, je ne pense pas que cette persévérance et cette habitude soient hors d’atteinte des êtres pieux qui s’intéressent à cette sainte activité. La bonne habitude de prier à heures régulières, le matin et le soir aux mêmes heures, seraient un bon début.
Nous avons là certainement mis l’accent sur l’élément le plus indispensable dans la prière. Ceci est justement mis en relief par Saint Paul, “soyez persévérants dans la prière.” ( Col.4:2) A la différence des autres vertus, la prière nécessite un effort de notre vie entière et, pour cette raison, je répète à ceux qui tentent de faire cet effort, de ne pas se sentir entravés, ni de considérer ne de considérer la nécessité de faire preuve d’endurance requise par cette prière comme un défaut qui entacherait cette œuvre de sobriété.
Au début, il est nécessaire de dire la prière dans un murmure, ou plus fort quand on est confronté à la contrainte ou à la résistance intérieure. Quand cette bonne habitude est prise, au point que la prière est soutenue et peut être dite aisément, alors, on peut se tourner vers l’intérieur dans un silence absolu et total. Dans la première partie du livre des Récits du Pèlerin, nous est donné un bon exemple d’initiation à cette prière. Une grande persévérance, un grand effort, avec les mêmes paroles inaltérées de la prière engendreront une bonne habitude de cette prière. Cela amènera le contrôle de l’intellect, et, à ce moment-là, la présence de la Grâce sera manifestée.
De même que chaque vertu a un résultat qui lui correspond, la prière engendrera la purification de l’intellect et son illumination, jusques au bien le plus haut et parfait, l’union avec Dieu, c’est-à-dire en réalité la divinisation (théosis). Cependant les Pères nous préviennent ainsi: il appartient à l’homme de s’efforcer d’entrer dans la voie qui conduit à la Cité, et si, par hasard, il n’arrivait pas au terme du parcours, Dieu le mettrait au nombre de ceux qui sont parvenus au but. Pour être plus clair, surtout sur ce sujet de la prière, je vais expliquer comment nous tous, chrétiens devons combattre dans la prière, particulièrement celle dite monologique ou noétique. Si l’on parvient à une telle prière, on en retirera grand profit.

Version française Claude Lopez-Ginisty


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